mercredi 20 mars 2013

Une journée bien remplie : PROE et EdT

Le 20 février dernier, notre association avait un programme chargé, jugez en plutôt :


PROE


Le matin, nous avons reçu des spécialistes de l'environnement venus en Polynésie dans le cadre d'une mission technique du programme régional océanien pour l'environnement (PROE).

Intéressés par nos actions contre les espèces envahissantes qui nuisent à l'équilibre du lagon, nous les avons conduits sur le "terrain", à savoir sur l'eau grâce à la pirogue de l'Association pilotée par notre Président Paul Pere.




Le contact ayant été excellent, cette rencontre devrait conduire sur d'autres échanges. La presse locale était également présente lors de cette sortie.


EDT


Un autre genre de visite nous attendait l'après-midi. En effet, Electricité de Tahiti avait convié nos membres et le Bureau pour une visite de la Centrale de la Punaruu.




Reçus par Vétéa Vitrac, Directeur de la Centrale, et Benoît Tchepidjian, Biologiste pour EdT et membre de notre association, nous avons eu l'occasion de comprendre  le fonctionnement de la Centrale mais aussi celui de la production d'électricité sur Tahiti.



70 personnes travaillent dans la centrale de la Punaruu : environ trente mécaniciens, dix électriciens, vingt agents de conduite et dix laborantins.
Le pilotage de la centrale se fait depuis une salle de contrôle où il y a toujours un agent de conduite (fonctionnement 24h/24 en quarts de 8 heures).
En particulier, cet agent surveille en permanence tout ce qui a trait au risque incendie au moyen de caméras et autres détecteurs.
L’ensemble des agents est d’ailleurs régulièrement formé (une fois par mois) à la conduite à tenir en cas d’incendie. Un exercice officiel a lieu chaque année.
A côté de cette salle de contrôle se trouve la salle du « dispatching », également gérée suivant un principe de quart.
Le rôle de l’agent du « dispatching » (« dispatcheur ») est d’équilibrer les courants électriques entre l’offre et la demande.
La demande, ce sont les clients. L’offre, ce sont les centrales électriques : centrales hydroélectriques, auto-producteurs solaires, centrale de Punaruu & de Vairaatoa.
La priorité est d’écouler les énergies renouvelables : solaire et hydroélectricitéLa centrale de Punaruu est là pour compléter la demande.
Celle de Vairaatoa n’est démarrée qu’en secours (s’il y a un problème sur le réseau électrique qui alimente la zone urbaine, par exemple).
A titre d’exemple, près de 32 % de l’énergie était d’origine renouvelable en 2012, 35 % en 2011 et 39 % en 2010.
Depuis le début de l’année 2013, grâce aux fortes pluies et en vertu du principe de « priorité hydro », 50 % de l’énergie est d’origine renouvelable.
Les auto-producteurs solaires représentent entre 1 et 1,5 % de l’énergie fournie au réseau.
Lors de notre visite, nous avons pu constater en direct que 50 % de la puissance provenait de l’hydro-électricité et 2% des auto-producteurs solaires.
Revenons à l’usine de Punaruu :
La première chose qui saute aux yeux, c’est l’enchevêtrement des tuyauteries… Pour s’y retrouver, un code-couleurs est utilisé.
Les tuyaux bleus contiennent de l’eau, les verts, de l’air, les jaunes, de l’huile, les noirs, des huiles de vidange, les gris, du fioul et les rouges, c’est le réseau incendie !









Les groupes électrogènes sont constitués d’un moteur et d’un alternateur ; il y en a huit : quatre moteurs de 19 000 cv et quatre autres de 22 000 cv.
Il ne fonctionnent pas tous en même temps… D’ailleurs, il y en a toujours un qui est à l’arrêt pour «révision générale », suivant un cycle de maintenance programmée.
Les ouvriers de Punaruu réalisent toute la révision eux-mêmes : cela dure entre 12 et 14 semaines pour démonter et remonter entièrement un moteur.
Ce sont des moteurs diesel «marins» qui fonctionnent au fioul lourd ; on les démarre et on les arrête avec du gazole, mais cela ne représente qu’1% du carburant.
En 2012, 75 000 tonnes de fioul ont été consommés (soit environ 77 millions de litres !).
Le fioul lourd est un résidu, un « produit noir » issu du raffinage du pétrole brut; ça n’est pas comme le gazole ou l’essence qui sont des produits de distillation, dits « nobles » ou « produits blancs ».
Le fioul ne peut pas être consommé directement par les moteurs : il est trop visqueux à température ambiante (un peu comme du miel…) et contient trop d’impuretés.
Aussi il demande un pré-traitement par centrifugation et filtration. Puis il doit être réchauffé afin de devenir suffisamment fluide pour être envoyés dans les moteurs.
Ce réchauffage se fait au moyen d’ « eau surchauffée » produite dans la centrale, par récupération de chaleur au niveau des échappements de chaque moteur.
En outre, le fait de fonctionner avec un tel carburant implique un suivi très pointu des machines, et surtout des déchets liquides qu’elles produisent : les « effluents ».
Ces effluents sont tous dirigés vers un bassin de collecte, qui conduit à un décanteur, puis un déshuileur et des centrifugeuses.
A la fin du traitement, il reste des boues « ultimes » qui sont envoyées à l’étranger pour retraitement.
En 2012, près de 300 m3 de boues ultimes ont ainsi été expédiées en Australie.
A noter que le fioul lourd consommé depuis 2012 contient près de 2% de soufre… Avant, il en contenait moins de 1%.
Ceci explique le panache bleu que l’on observe quand on regarde le fond de vallée depuis la mer (phénomène optique lié au soufre).
Le soufre qui entre dans le moteur est intégralement rejeté dans les gaz d’échappement sous forme d’oxydes de soufre gazeux.
Avec deux fois plus de soufre, ce sont deux fois plus d’oxydes de soufre qui sont envoyés dans l’atmosphère !
Ceci relève d’une décision prise par le Pays…
Enfin, il faut noter que la centrale consomme de l’eau pour refroidir les moteurs.
L’eau n’est pas captée dans la rivière mais puisée dans la nappe phréatique à 20 mètres de profondeur environ.
Deux puits ont été aménagés dans l’enceinte de la centrale et EDT paye une redevance au pays tous les mois en fonction de la quantité consommée.
L’eau est stockée dans deux grandes bâches, puis vient refroidir les moteurs au moyen de tours aéro-réfrigérantes, où elle est en partie vaporisée.
Près de la moitié de l’eau consommée part en vapeur, l’autre moitié est rejetée dans la rivière, après contrôle par un organisme agréé.
Ceci fait l’objet d’un arrêté d’autorisation d’exploiter.
En 2012, 550 000 tonnes d’eau ont été puisées et 200 000 tonnes sont parties en vapeur.
On voit d’ailleurs en permanence de grands panaches de vapeur qui s’échappent des tours…
Francine










1 commentaire:

  1. Cette centrale est-elle conforme aux normes europeennes? Ou en australie est destinee cette boue et qu'est-ce qu'elle devient la-bas?

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