Ré-ensemencement en poissons (aquaculture)


Notre association, après sa création en 2009, a formulé un projet de réhabilitation du lagon. Elle a obtenu l’autorisation de posséder trois concessions maritimes en 2013. Maintenant, le projet de prélever des larves pour élever des poissons herbivores en cages flottantes va voir le jour. Demain, ces poissons seront rendus au lagon et attireront les poissons que vous désirez revoir dans vos assiettes. Notre rêve prend forme. Partagez-en les bienfaits ! 

1. Qu’est-ce que ce mot signifie ? 
Ré-ensemencer consiste à faire revenir dans le lagon, par l’élevage ou la culture, des organismes aquatiques.

2 . Pourquoi faire de l’aquaculture pour repeupler le lagon ? 
Cela devient une nécessité d’élever des poissons et des crustacés, car la chasse, la cueillette et la prédation en milieux naturels vont se raréfier. Le total des prises de pêche par exemple, dans le monde entier, est actuellement à son maximum. On appelle cela la surpêche. Elever les larves ’ata et les faire grandir avant de les relâcher, leur permettra d'arriver à un stade où elles pourront mieux faire face aux prédateurs.

3. Est-il facile de faire de l’aquaculture? 
Faire de l’élevage est compliqué, car il faut respecter le milieu et les impératifs d’hygiène. La vie en espace concentré, celui des cages, et la nourriture qui n’est pas totalement consommée par les espèces élevées, polluent les zones d’élevage, si les normes d'élevage éco-responsable ne sont pas respectées. 

4. Y a-t-il une production aquacole en Polynésie ?
Il existe des fermes locales de crevettes bleues Litopenaeus stylirostris à terre et bientôt en lagon, qui produisent 70 T par an et envisagent de doubler ce chiffre d'ici 2 ans, et plus encore par la suite, le marché local étant de 500 à 600 T/an.
Quant aux poissons, une nouvelle filière de poissons de nos lagons vient de démarrer (10 T en 2012) avec le Paraha pêue, Platax orbicularis et sa production devrait doubler  en 2013 et atteindre un objectif de 100 T, à court terme.

5. Quelles sont les espèces élevées ici ?
Outre les 2 espèces précitées, on élève aussi le pâhua, Tridacna maxima et le pâti’i, Chanos chanos dans des fermes rurales aux Tuamotu, toutes ces filières ayant des pratiques éco-responsables.
6. Peut-on être aidé si on veut faire de l’aquaculture?
La Direction des ressources marines  (DRM) est à consulter pour des conseils en vue d’un montage d'un projet et de l'assistance technique et financière.

7. Pourquoi les crevettes locales ou les poissons élevés sont-ils chers ?
Il faut construire des espaces adaptés à l'élevage (bassins, cages, radeaux, etc.). La nourriture, l'oxygénation, le gardiennage et l'accès aux juvéniles coûtent cher parce que les filières ne sont pas assez développées.

8. D’où proviennent les poissons vendus au marché ?
Les ressources en poissons de lagon frais proviennent en grande partie des Tuamotu et les mollusques des Australes. Les poissons du large sont pêchés en bateau et vendus, soit à la criée, soit au détail.

9. Ces ressources sont-elles inépuisables ?
Les ressources prélevées seront équilibrées si les réglementations et les râhui sont respectés, et si l'aquaculture se développe.

10. Peut-on envisager une autre stratégie ? 
Notre association voudrait donner un coup de pouce à la nature. Par exemple, un enfant fa’a’amu est nourri par sa famille d’adoption. Notre association a l’intention d’adopter des enfants-poissons : les alevins et de les aider à grandir. 

11. Pourquoi un tel projet ?
Naturellement, les poissons se débrouillent seuls, et lorsqu’ils sont des larves puis des alevins ils servent de nourriture aux plus gros, dans la chaîne alimentaire. Nous voulons les mettre en cage pour les protéger de leurs prédateurs naturels pendant quelques mois et ainsi les aider à grandir en plus grand nombre avant de les relâcher

12. Comment allez-vous faire? 
Notre association va poser des filets de crête la nuit pour piéger une petite quantité de larves qui entrent dans le lagon. Nous trierons certaines espèces que nous retiendrons quelques semaines  dans des cages flottantes. 

13. Comment les poissons trouveront-ils leur nourriture ? 
Les poissons que nous avons choisi d’élever sont des herbivores. Comme des poulets, il faudra les nourrir, puisqu’ils seront en cage et ne pourront pas trouver naturellement leur nourriture.  Nous les retiendrons ainsi jusqu’à ce qu’ils aient atteint la taille de 6 à 7 cm, voire plus; puis nous les relâcherons après une adaptation au milieu naturel.

14. Pourquoi ne pas les manger ou les vendre?
Notre projet concerne la première phase du cycle de vie : la production de juvéniles. Pour faire de la production de plus gros poissons pour la consommation, il faut plus d'espace et un site plus profond pour limiter la pollution.

15. Pouvez-vous expliquer cette stratégie?
On pourrait appeler cela la stratégie du repeuplement. Une autre fiche explique le cycle de peuplement, de recrutement lagonaire et une autre aborde la chaîne alimentaire. La nature, pour combattre la perte des effectifs depuis les larves qui deviennent juvéniles jusqu’aux adultes, utilise la loi du nombre. 
Nous voulons augmenter artificiellement le nombre d’adultes pour deux raisons. D’une part parce que, nos parents et nous, avons prélevé trop de poissons. D’autre part, nous voulons faire revenir dans notre lagon les poissons carnivores comme les carangues, les mérous. Ils seront les premiers à tourner autour des cages où ils trouveront des restes de nourriture, et une fois nos poissons fa’a’amu libérés, elles ne se priveront pas d’en manger une partie. 

16. Ne craignez-vous pas le braconnage? 
La commune a demandé que soit créée une zone de pêche réglementée (ZPR) dans laquelle les concessions de l’association se trouvent. Il faudra que le plus grand nombre respecte la loi.

17. Quels bénéfices en tireront les pêcheurs ? 
Notre projet est à petite échelle, il est à la fois pédagogique et attractif pour les pêcheurs. Le lagon progressivement se repeuplera de poissons comestibles. Nous avons fait réaliser par le CRIOBE le recensement des espèces en 2012 et nous espérons que dans quelques années, le lagon sera plus poissonneux. Mais il faut avoir un peu de patience. Tout le monde sait qu’il est plus rapide de se servir dans le garde-manger commun.  Un enfant met du temps à devenir un homme. Laissez notre projet grandir lui aussi. Mauruuru !



Rédaction et crédit photographique : Francine Besson, DRM

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